Ma vie d’avant, ma vie de paysan, s’est arrêtée le 6 octobre 2001, le jour où j’ai quitté ma ferme. C’était il y a dix-sept ans et pourtant là-bas, à Scaout Vraz, rien n’a bougé ; la maison, le hangar, la salle de traite, la fromagerie sont restés en suspens… Seule la nature reprend ses droits, enfouissant nos souvenirs comme pour les figer. Il me reste des photos, des films et des sons, quatre enfants qui portent en eux cette terre ; il me reste Gisèle, l’amour de ces années-là. Mais ma terre me manque, viscéralement.