Elle, tout d’abord, c’est la banlieue parisienne, mais c’est également Juliette Janson, ménagère ordinaire ; elle vit dans l’un des grands ensembles et elle se prostitue occasionnellement dans les hôtels, petits et grands, du quartier de l’Étoile.
« Au départ de mon nouveau film Deux ou trois choses que je sais d’elle, il y a une enquête parue dans le Nouvel Observateur. Or, cette enquête rejoignait l’une de mes idées les plus enracinées. L’idée que, pour vivre dans la société parisienne d’aujourd’hui, on est forcé, à quelque niveau que ce soit, à quelque échelon que ce soit, de se prostituer d’une manière ou d’une autre, ou encore de vivre selon des lois qui rappellent celles de la prostitution. Un ouvrier dans une usine se prostitue les trois quart du temps à sa manière : il est payé pour un travail qu’il n’a pas envie de faire. Un banquier aussi d’ailleurs, tout comme un employé des postes et tout comme un metteur en scène. Mon film voudrait être une ou deux leçons sur la société industrielle.» Jean-Luc GODARD