5e Festival international
7-16 février 2014, Poitiers
Comme chaque année, le travail fait son cinéma à Poitiers du 7 au 16 février 2014. Le festival Filmer le travail est né il y a cinq ans d’une idée simple : dynamiser la réflexion collective autour du travail contemporain dont les évolutions apparaissaient très rapides, quelquefois douloureuses, peu lisibles et souvent incompréhensibles par les citoyens : mondialisation, délocalisation, financiarisation, rationalisation, déplacement des contraintes, déve- loppement des activités de services aux personnes…
Pour mieux comprendre les enjeux, on dispose des acquis des recherches récentes en sciences sociales du travail ; on peut aussi s’appuyer sur les approches artistiques de plus en plus nombreuses qui abordent cette question sociale centrale : cinéma documentaire ou de fiction, littérature, photographie, théâtre, bande dessinée.
Que dire du travail ? D’abord, qu’il nous concerne tous, qu’il envahisse notre quotidien ou qu’il vienne à manquer, qu’il apporte bonheur ou souffrance, qu’il induise épanouissement personnel ou stress. Ensuite, qu’il touche tous les âges de la vie, de l’enfance où l’on se demande ce que l’on fera quand l’on sera grand, à la retraite parfois vécue comme un manque, un vide, un retrait du monde social. Et surtout que, petit à petit, il nous oriente, construit notre identité sociale, nous façonne le corps et l’esprit jusqu’à avoir le physique de l’emploi et plus encore, La gueule de l’emploi, pour reprendre le titre du documentaire de Didier Cros sur le recru- tement, qui a obtenu une mention spéciale du jury lors de la troisième édition du festival.
Cette prise en compte du quotidien est sans doute un point fort de Filmer le travail, dans un contexte où se développent les réflexions sur la qualité de vie au travail comme dans la cité et se multiplient les outils pour en rendre compte : perfor- mance sociale, bonheur national brut, etc.
La 5e édition du festival accordera ainsi une place importante au travail au quotidien, même si elle abordera des sujets plus graves comme le suicide au travail (avec la pièce de théâtre de Jean Pierre Bodin, « Très nombreux, chacun seul »), les conditions de travail dégradées dans les pays du sud ou encore les inégalités liées au genre ou à l’origine ethnique (sélection internationale).
Reste que pour l’essentiel, on verra cette année à Poitiers le travail tel qu’il est réalisé, vécu, agi, pensé par ceux qui l’exécutent mais aussi le conçoivent au jour le jour. Le travail, hier et aujourd’hui (journée de rencontres profession- nelles sur le monde ouvrier ; atelier des archives ; hommage à Armand Gatti) et dans un contexte de crise, de mondialisation et de développement des migrations, le travail ici et ailleurs avec cette année une rétrospective consacrée au cinéma allemand, des regards croisés sur le métier de cinéaste en Iran et une sélection internationale très ouverte sur le monde.
Le travail dans toute sa complexité et dans sa grande diversité. Le travail comme geste que ce soit celui de l’artisan, de l’ouvrier, du danseur ou du sculp- teur (sélection internationale). Le travail comme rapport social, source de conflits et objet de luttes (rétrospective René Vautier ; lutte des travailleurs sans papiers). Le travail comme espace de représen- tations collectives et individuelles (concours filme ton travail ! ; journée de rencontres professionnelles sur le travail des jeunes ; projection-débat sur les jardins partagés).
La 5e édition de Filmer le travail ce sera aussi des tables rondes et de nombreux débats, des expositions de photographies (Gérald Bloncourt ; résidence de Serge Lhermitte au Centre de Culture Populaire de Saint-Nazaire) et de bandes dessinées (Bruno Loth) ; une rencontre avec Nicolas Frize autour de sa résidence à PSA Peugeot-Citroën de Saint- Ouen, et deux nouveaux rendez-vous réguliers : La fabrique des images du travail, lieu d’échanges entre les professionnels de l’image à partir de présenta- tion de rushes et de projets de réalisation ; Écouter le travail, un espace ouvert au son et aux nouveaux médias avec cette année les documentaires sonores réalisés par les étudiants du master CRÉADOC.