3e Festival international
3-12 février 2012, Poitiers
En ce début d’année 2012, le travail reste au cœur du débat social, souvent associé aux notions de manque, de contrainte, de malaise, de souffrance… L’actualité du monde du travail est souvent douloureuse, et le cinéma en témoigne, nous le constaterons encore lors de ces dix jours d’échanges et de rencontres. Mais pour sa troisième édition, le festival Filmer le travail souhaite aussi aborder les dimensions de plaisir, d’épanouissement au travail, de création, d’envie, qui restent des éléments heureusement bien réels dans de nombreuses situations : des atouts fondamentaux pour la liberté des uns et des autres au sein de la vie professionnelle, et qu’il faut valoriser et défendre.
En effet, nombre de travailleurs, en particulier dans les activités de services aux personnes qui sont devenues majoritaires, font preuve, au- delà de compétences techniques, d’étonnantes capacités relationnelles, d’imagination, de créativité pour exercer un travail qui porte non pas sur la matière mais sur l’humain. C’est peut- être là que s’invente au jour le jour le travail de demain.
Avec de nombreux spécialistes, rappelons que ce ne sont pas les travailleurs qui sont malades mais le travail lui-même. Il est en crise et les ingrédients de cette crise sont connus : trop rare, trop intense, trop contrôlé, trop complexe, trop individuel, entrainant trop d’intériorisation des contraintes… Il nous faut collectivement trouver des remèdes et ainsi « soigner le travail » comme le propose une récente journée d’études au Sénat à l’initiative de chercheurs, de politiques et d’artistes.
On retrouve là l’idée de base du festival. Pour dynamiser la réflexion et le débat citoyen sur l’évolution du travail contemporain, il est nécessaire à côté des apports des sciences humaines et sociales, de convier les pratiques artistiques et culturelles. Elles nous éclairent sur les représentations du travail, proposent des visions nouvelles, esquissent des pistes d’avenir.
Cette année encore, la compétition internationale de films récents nous donne à voir une grande di- versité de situations de travail, manuel ou intel- lectuel, de conception ou d’exécution, d’ici ou de là-bas, contraignant ou épanouissant… Et pour ce faire, les films innovent dans les dispositifs, explorent des pratiques ou des situations de tra- vail méconnues, proposent des formes nouvelles.
De même, le concours ouvert à tous, Filme ton travail!, permet à des amateurs de nous faire partager en partie leur quotidien au travail : gestes, vécus, émotions, ficelles du métiers, souf- france, plaisir du travail bien fait…
À côté de ces sélections de films récents, souvent inédits et presque toujours accompagnés de débats, le festival propose de nombreuses rétrospectives, des avant-premières, des rencontres. Cette troisième édition nous conduit, entre autres, du côté de l’Afrique de l’Ouest, donne un coup de projecteur sur le travail des politiques et aborde celui des professionnels du cinéma.
Après la photographie puis la bande dessinée, Filmer le travail explore cette année une nouvelle pratique artistique, la littérature, vaste continent, riche et diversifié. En partenariat avec la médiathèque François Mitterrand, Écrire le travail sera l’occasion d’une exposition, d’une journée d’études ouverte à tous, consacrée à la diversité des écritures du travail, de rencontres avec des écrivains et de présentations d’initiatives proches de Filmer le travail comme « Quel travail voulons nous ? ».
Enfin, cette troisième édition inaugure une nouvelle section du festival, intitulée « Cinéma et conditions de travail », organisée en partenariat avec le réseau ANACT-ARACT, l’Ina et Les Écrans du Social. En articulant conférences, projections de films et d’archives, tables rondes, il s’agit d’apporter un éclairage nouveau sur une question d’actualité touchant le travail contemporain : cette année nous nous interrogerons sur les inégalités hommes/femmes en matière de conditions de travail.
Toute l’équipe du festival et ses partenaires vous invitent à venir découvrir, échanger, partager. Bon festival à tous !