9e Festival international

2-11 février 2018, Poitiers

Filmer le travail fête en 2018 sa 9e année d’existence. Le défi et la belle aventure, cinématographique, scientifique et humaine, renouvelée chaque année, d’être en prise avec la réalité sociale, tout en ne dérogeant pas à l’exigence de qualité ; d’être attentifs aux situations actuelles comme aux bouleversements du passé ; d’être à la fois tournés vers le proche et inquiets de ce qui se passe au loin et soucieux d’en montrer des images, de se faire le passeur d’expériences, d’analyses et de gestes artistiques ; d’être enfin un lieu de rencontres et d’échanges autour de ce qui nous préoc- cupe et nous anime : le travail, le lien social et la création.

Dans un monde où les technologies envahissent les espaces de travail et redéfinissent les contours des champs d’activité, se poser la question de l’humain et la replacer au centre des réflexions et des débats nous a semblé essentiel et nécessaire. La thématique « humains-machines » sera donc au coeur de cette 9e édition avec une conférence inaugurale de Dominique Méda, une journée d’étude en partenariat avec l’OIT intitulée «Ce que le numérique fait au travail », une table ronde sur les troubles musculo-sque- lettiques ainsi qu’une exposition d’affiches de prévention des risques avec l’INRS. Une sélection de films traversera l’histoire du cinéma pour aborder des thématiques cor- rélées telles que l’industrialisation, la mécanisation (Les Temps modernes de Charles Chaplin) ou encore la roboti- sation (Alice Cares de Sander Burger). Le puissant Taste of cement, du réalisateur syrien Ziad Kalthoum, sera présenté en ouverture du festival. Audace et poésie formelle font de ce film qui documente la vie de Syriens exilés à Beyrouth, travaillant dans le bâtiment et subissant l’exploitation de
ceux qui les emploient, une oeuvre précieuse, qui dit la force de l’art pour traduire en images et en sons un monde de machines, destinées au travail ou à la guerre. Outre ces moments, le rapport humains-machines et les recherches formelles émailleront également le grand temps fort du fes- tival que constitue la compétition internationale, ainsi que la programmation jeune public avec un film d’animation bré- silien d’une grande liberté visuelle, Le Garçon et le Monde, et Jour de fête de Jacques Tati proposé en ciné-concert.

Si le cinéma témoigne de l’emprise des machines sur les travailleurs, il est aussi porteur d’un souffle libérateur. Autogestion, écriture collective, liberté de ton et d’approche seront au programme de L’Usine de rien de Pedro Pinho et le joyeux et enlevé Ouaga Girls sera un autre bel exemple de parcours de femmes bien décidées à devenir mécani- ciennes dans un monde où ce métier est plutôt réservé aux hommes. Dans un autre genre, la performance musicale Jazz augmenté signée Bernard Lubat mettra l’artiste aux prises avec les nouvelles technologies en un affrontement jazzy particulièrement enthousiasmant.

Filmer le travail s’affirme aussi chaque année comme un lieu de découverte et d’émergence de nouveaux talents : à travers « l’appel à projets documentaires », en partenariat avec France 3 Nouvelle-Aquitaine permettant la production d’un film diffusé lors du prochain festival, mais aussi «La fabrique des images du travail » en partenariat avec la Scam durant laquelle la réalisatrice Daniela de Felice présentera le film qu’elle réalise actuellement, et enfin le concours « Filme ton travail ! », ouvert aux non professionnels, qui valorise des œuvres courtes et très personnelles.

La question de « l’écriture » concerne de nombreux films montrés cette année et marquera plus particulièrement certains moments du festival : écriture littéraire avec Maylis de Kerangal autour d’extraits de ses textes et d’extraits de 5 films; écriture cinématographique avec des moments de rencontres et de projection sur le travail de montage d’un film. Nous accueillerons à cette occasion Yann Dedet, monteur des films de Pialat, Garrel, Truffaut, pour évoquer sa relation de travail avec les réalisateurs Joachim Lafosse (L’Économie du couple) et Jean-François Stévenin (Passe montagne), en leur présence.

Dans la rubrique «le travail ailleurs», le Japon sera mis à l’honneur à travers une sélection de films allant des années 1930 à aujourd’hui : des films de répertoires à redécouvrir, des films rares peu diffusés, des films récents primés en festivals mais inédits dans les salles. Le tout porté par Federico Rossin, historien du cinéma. À suivre aussi sur le site du festival : le journal de bord de Pauline Abascal, designeure textile en résidence à la Villa Kujoyama à Kyoto. Un atelier culinaire sera également proposé, sur inscriptions, à celles et ceux qui souhaiteraient apprendre à cuisiner le ramen, la soupe traditionnelle japonaise.

Enfin l’expérience de mai 1968, dont nous fêterons cette année le cinquantenaire, sera abordée à travers un hommage à Hervé Le Roux, cinéaste disparu l’été dernier, par la diffusion de son film Reprise, ainsi qu’à l’occasion d’une rencontre sur la mobilisation politique des cinéastes en 1968 et sur les expérimentations collectives et inven- tions formelles de cette période, à travers notamment l’exemple d’Iskra, coopérative de production co-fondée par Chris Marker.