1er Festival international

3-8 novembre 2009, Poitiers

Travail et cinéma, cinéma et travail. L’originalité de ce festival est d‘articuler ces deux termes, ces deux mondes souvent pensés comme opposés : celui de l’activité laborieuse, celui des loisirs.

Le travail, toujours central, toujours contradictoire, parfois cruellement d’actualité : entre soumission et libération, épanouissement et aliénation, intégration et exclusion… Le travail souvent vécu comme contrainte. Temps, espaces et corps contraints. Mais aussi le travail producteur de sens, tissant du lien social, du vivre ensemble, et vecteur d’investissement personnel, d’épanouissement, de plaisir.

Aujourd’hui, le travail change, se transforme en profondeur : il s’intellectualise, s’intensifie, se complexifie, se précarise, se dilue dans d’autres espaces temps comme ceux des loisirs, de la vie familiale, de la formation. Surtout, il tend à devenir moins visible, moins lisible, quittant la place publique pour des espaces privés au sein d’institutions de plus en plus soucieuses de leur image et cherchant à la contrôler étroitement. Il y a urgence à montrer le travail, tel qu’il est et qu’il est en train de devenir, pour analyser, comprendre et orienter ces transformations.

C’est toute l’ambition de cette manifestation originale et unique en France qui n’a pu voir le jour que grâce aux soutiens financiers et organisationnels de nos nombreux partenaires, en particulier la Région Poitou-Charentes, la Mairie de Poitiers et le Fact qui ont su reconnaître la singularité (presque pionnière) de ce festival. L’objectif est de permettre l’échange fructueux des points de vue, tant sur le travail lui-même et ses mutations que sur les images qui en rendent compte et connaissent elles aussi des évolutions significatives. Occasion unique de rassembler des réalisateurs, des producteurs, des photographes, des chercheurs, des spécialistes du travail et le public, le festival proposera de nombreuses rétrospectives thématiques, une compétition exceptionnelle de 18 films récents, un colloque, des expositions…Le festival se veut un espace citoyen de rencontre, ouvert à tous, pour le plaisir, pour le débat, pour la connaissance.

On constate depuis quelques années un retour de l’image du travail dans le cinéma tant documentaire que de fiction. Si le cinéma d’après guerre a largement mis en avant l’image du travailleur manuel et des classes populaires, les années 1970-1980 correspondent à une sorte d’effacement du travail dans l’imagerie cinématographique. Effacement qui faisait écho à un mouvement de pensée relayé par une partie des sciences sociales, prédisant la fin du travail comme valeur centrale, comme temps dominant, comme espace central du lien social.

Ce début du 21ème siècle marque le retour du travail tant dans le débat social, l’analyse scientifique que la production audiovisuelle. Retour du travail qui voit émerger de nouvelles figures (le cadre, l’enseignant, le médecin, le juge, l’employé, le policier, le stagiaire…) et de nouvelles thématiques : l’organisation du travail, la souffrance au travail, la recherche de l’épanouissement personnel, la gestion des ressources humaines, l’entrée dans la vie professionnelle.

La première édition du festival « Filmer le travail » reflète ces évolutions. La sélection internationale souligne la vitalité et l’inventivité du cinéma documentaire sur le travail : pluralité des figures du travail mises en scène, diversité des thématiques abordées, richesse des choix formels et esthétiques. Diversité et créativité également présentes dans les trente projets candidats au concours de scénarios.

Diversité que l’on retrouvera à n’en pas douter dans le public, tant sont nombreux aujourd’hui les citoyens amateurs de cinéma, concernés par le travail et souhaitant participer à la réflexion sur son évolution.’’

Les initiateurs du festival :
Jean-Paul GÉHIN, Université de Poitiers
Didier MOREAU, Espace Mendès France
Patrick SAGORY, ARACT Poitou-Charentes