Participer au comité de sélection du festival Filmer le travail est sans conteste une expérience passionnante : visionner en quelques mois la production cinématographique récente concernant le travail ; défendre son point de vue au sein d’un comité dont les cinq membres viennent d’horizons divers (audiovisuel, recherche, éducation à l’image, critique cinématographique, analyse du travail) ; débattre non seulement sur la forme des films, mais aussi sur la thématique abordée, son originalité et son intérêt pour alimenter le débat sur l’évolution du travail contemporain.
Au total, nous avons reçu près de 300 films, essentiellement des documentaires de création même si tous les genres sont représentés. Les évolutions que nous connaissons depuis le début du festival en 2009 sont encore confirmées cette année : augmentation du nombre de films reçus qui recouvre un double mouvement de notoriété croissante du festival, mais aussi la persistance d’un intérêt fort du cinéma documentaire pour les questions du travail ; allongement de la durée moyenne des films reçus avec de plus en plus de documentaires longs métrages, lié à la possibilité accrue de connaître une sortie en salle ; internationalisation des films reçus, provenant des « quatre coins du monde » avec cette année le sentiment d’une accélération du processus induisant de moins en moins de films francophones voire européens, au bénéfice des cinémas d’Asie, d’Amérique et cette année, de manière remarquable, du Moyen-Orient. On peut noter également la présence dans la sélection de deux Premières françaises, qui disent le rôle de « défricheur » du festival, attentif aux films inédits et soucieux de faire découvrir le travail de cinéastes moins connus.
De cette matière riche et diversifiée, donnant une vision étonnante et en relief du travail dans un monde en mutation, les échanges denses, quelquefois vifs, au sein du comité ont permis de dégager la programmation de la compétition internationale ainsi que quatre films présentés hors compétition puisque pour un certain nombre d’entre eux la sortie salle était annoncée aux mêmes dates que le festival. La sélection internationale est particulièrement dense cette année : 22 films regroupés en 11 séances, panachant 5 courts métrages (moins de 30 minutes), 7 moyens métrages et 10 longs (65 minutes et plus), originaires de 18 pays allant de la Chine, l’Inde ou le Japon, au Brésil en passant par l’Iran, le Niger, l’Estonie, Israël, le Liban…
Ce qui frappe aussi c’est la diversité des thématiques abordées, des formes traditionnelles du travail dans l’industrie (les mines ou même les activités de récolte) au travail aujourd’hui, majoritairement de services aux personnes qu’il soit réalisé par les invisibles femmes de ménage, les soignants confrontés à la souffrance humaine, les artistes ou encore les professionnels de la défense des droits de l’homme dans les syndicats ou les ONG… Diversité aussi du rapport au travail dans ces dimensions contraignantes, sa rudesse, sa répétitivité voire son absurdité ; le travail comme risque pour la santé d’autant plus prégnant qu’il peut être invisible comme le nucléaire ou la pollution chimique ; ou encore le travail comme vocation, fruit d’une transmission entre générations, d’un long apprentissage, d’un héritage culturel et patrimonial ; sans oublier le travail créateur, celui dans lequel on s’engage corps et âme ou encore celui qui devient lieu de parole, d’espoir et d’échanges, où se construit peut être la société de demain.
Ainsi la compétition internationale nous invite à un long voyage de 1269 minutes de projection (plus de 21 heures) montrant le travail sous toutes ses « coutures », ici et ailleurs, hier et aujourd’hui, peut-être demain pour nous interroger, nous étonner, nous réjouir ou nous révolter, en tout cas nous faire penser et débattre.
Cette année, 22 films concourent pour les 4 prix du festival : le grand prix “Filmer le travail”, le prix “restitution du travail contemporain”, le prix “valorisation de la recherche”, le prix spécial du public. Les trois premiers seront décernés par le jury de la compétition internationale et le quatrième par le jury de la ville de Poitiers en tenant compte des votes du public. Les courts-métrages de la compétition concourent également au prix des lycéens et des apprentis et aux prix des détenus du centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne.
Toutes les séances sont diffusées au TAP Castille
En présence des réalisateurs, réalisatrices et d’intervenant(e)s
Horaire : 14h00 – Lieu : TAP Castille
Tarifs : 5,5€ / 3€
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À cette heure-là – Un film de Lola Peuch
Documentaire / France / 14’ / 2016 / Ardèche images
Un matin, en pénétrant dans le hall du cinéma de Lussas je tombe sur une femme munie de gants jaunes. En quelques mots, elle me fait comprendre que je ne devrais pas être là, que c’est son heure.
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A maid for each [Chacun sa bonne] – Un film de Maher Abi Samra
Documentaire / Liban / 67′ / 2015 / Les Films d’ici, Orjouane Productions
Zein possède une agence de travailleuses domestiques à Beyrouth. Il fait venir des femmes d’Afrique et d’Asie pour travailler dans les familles libanaises et aide ses clients à choisir sur catalogue celle qui répondra au mieux à leurs besoins. La publicité, la justice, la police sont dans son camp. Il nous ouvre son agence.
Horaire : 16h30 – Lieu : TAP Castille
Tarifs : 5,5€ / 3€
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La vie adulte – Un film de Jean-Baptiste Mees
Documentaire / France / 56′ / 2016 / Prima Luce
Ses professeurs lui demandent sans cesse de devenir adulte. Le problème d’Anthony, c’est qu’il parle trop, qu’il bouge trop, qu’il se bat trop aussi. Pourtant, cet été le jeune homme a découvert quelque chose à propos de lui-même : sous l’eau, il est différent.
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Les Héritiers – Un film de Maxence Voiseux
Documentaire / France / 58′ / 2016 / Zeugma Films
Trois frères dans l’Artois : Hubert, le marchand de bestiaux, Dominique, le boucher et Thierry l’éleveur. Comment transmettre ce savoir faire, cet ancrage à la terre et la vie qui va avec ? Que feront les enfants de cet héritage ?
Horaire : 20h30 – Lieu : TAP Castille
Tarifs : 5,5€ / 3€
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Rough Stage – Un film de Toomas Järvet
Documentaire / Estonie / 73′ / 2015 / Kinoport Film, Exitfilm
Maher, ancien prisonnier politique, ingénieur électricien de profession, mais artiste dans l’âme, est un homme qui commence une quête contre la société afin de monter un spectacle de danse contemporaine en Palestine. Pour cela, il doit surmonter de nombreux obstacles.
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Koudelka shooting holy land – Un film de Gilad Baram
Documentaire / Allemagne, République Tchèque, Israël / 72′ / 2015 / Nowhere films
Le réalisateur Gilad Baram, alors assistant du célèbre photographe d’origine tchèque Josef Koudelka, le suit dans son voyage à travers la Terre Sainte, d’un site énigmatique et visuellement spectaculaire à un autre. Dans chaque endroit – qui deviendra bientôt une « photo de Koudelka » – une nouvelle scène se déroule, dévoilant petit à petit la méthode de travail du photographe, la vision du monde dont il atteste et des gens qu’il rencontre.
Horaire : 10h00 – Lieu : TAP Castille
Tarifs : 5,5€ / 3€
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Coal India – Un film de Felix Röben
Documentaire / Inde / 45′ / 2015 / HS-OWL
Coal India se penche sur les conditions de travail préindustrielles des mineurs indiens, dans le bassin de Dhanbad. Le film montre un travail physique exténuant, de plus en plus invisible dans un XXIe siècle marqué par le triomphe de la technologie.
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Behemoth – Un film de Zhao Liang
Documentaire / France / 90′ / 2015 / INA
Behemoth navigue entre rêve et réalité, allégorie et âpreté du réel, entre images, sons directs et musiques. La voix off du narrateur, inspirée de La Divine Comédie de Dante, est aussi celle du cinéaste, témoin des bouleversements de son pays, tandis que les différentes séquences du film établissent un enchaînement de cause à effet, démontrant à quel prix la Chine paie son accession au rang de puissance économique majeure.
Horaire : 14h00 – Lieu : TAP Castille
Tarifs : 5,5€ / 3€
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Women in sinkUn film de Iris Zaki
Documentaire / Royaume-Uni / 36′ / 2015 / Autoproduction
Chez Fifi, un salon de coiffure tenu par une arabe chrétienne à Haïfa, la réalisatrice installe sa caméra juste au-dessus du bac à shampoing et converse ouvertement avec les clientes du salon, arabes et juives – sur la politique, la vie, l’amour.
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Contromano – Un film de Stefano Gabbiani
Documentaire / Italie / 73′ / 2015 / Lacumbia Film
À Turin, emblème de ville post-industrielle, la redécouverte du vélo ouvre de nouveaux horizons : espoirs, difficultés, rêves à l’intérieur de deux petits ateliers de mécanique.
Horaire : 16h30 – Lieu : TAP Castille
Tarifs : 5,5€ / 3€
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Demi-vie à Fukushima – Un film de Mark Olexa, Francesca Scalisi
Documentaire / Suisse / 60′ / 2016 / DOK Mobile
Le 11 mars 2011, un puissant tsunami a submergé la côte et une centrale nucléaire dans la préfecture de Fukushima. De nombreuses personnes sont mortes et des milliers d’autres ont dû fuir la région. Cependant, un homme a décidé de rester dans la zone rouge et de défier la radioactivité. En silence, avec le vent pour seule musique rythmant ses journées, Naoto Matsumura continue de prendre soin de sa terre et de nourrir son bétail. Sa seule présence devient un obstacle à la stratégie du gouvernement, soucieux d’effacer l’incident des mémoires.
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La colère dans le vent – Un film de Amina Weira
Documentaire / Niger / 54′ / 2016 / Vrai vrai Films
Dans ma ville d’origine Arlit, au Nord du Niger, Areva exploite l’uranium depuis 1976. Aujourd’hui, une bonne partie de cette région, balayée par les vents de sable, est contaminée. La radioactivité ne se voit pas et la population n’est pas informée des risques qu’elle encourt. Mon père, travailleur de la mine d’uranium en retraite, est au cœur de ce film. Il dépoussière ses souvenirs, les trente-cinq années de son passage à la mine. Grâce à lui, je vais à la rencontre d’autres anciens travailleurs et des plus jeunes qui ont certainement leur mot à dire.
Horaire : 20h30 – Lieu : TAP Castille
Tarifs : 5,5€ / 3€
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Gare de nuit – Un film de Robin Dimet
Documentaire / France / 12′ / 2016 / Hummocks films
Dans une gare ferroviaire perdue au fin fond de la Sibérie, la chef de gare s’acquitte de sa fonction comme chaque nuit et rêve entre amertume et espoir d’un avenir meilleur.
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Hotline – Un film de Silvina Landsmann
Documentaire / France, Israël / 100′ / 2015 / Ideale audience
La vie au quotidien de la « Hotline pour les réfugiés et les migrants », une petite ONG basée à Tel-Aviv. Les femmes y travaillent jour et nuit ; elles s’occupent des droits des personnes sans papiers, donnent des conseils juridiques, vont pour eux aux bureaux du gouvernement et communiquent publiquement en leurs noms.
Horaire : 10h00 – Lieu : TAP Castille
Tarifs : 5,5€ / 3€
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Manodopera – Un film de Loukianos Moshonas
Fiction / Grèce / 29′ / 2016 / Zamizdat
Au sous-sol, à mesure que les saisons passent, un ouvrier Albanais et un jeune bourgeois retapent un appartement. Au sommet sur le toit, à mesure que les nuits tombent, le jeune homme et ses amis refont le monde.
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Futuro Junho – Un film de Maria Ramos
Documentaire / Brésil / 93′ / 2015 / Nofoco Filmes, Selfmade Films, VPRO
Description de la réalité sociale et politique brésilienne à travers les portraits croisés de travailleurs issus de milieux sociaux très différents : André, analyste financier, Alex, militant syndical, qui travaille dans le métro, Anderson, ouvrier dans une usine automobile et un autre Alex, coursier à moto. Nous suivons chacun d’entre eux dans leur quotidien, quelques semaines avant l’ouverture de la coupe du monde 2014.
Horaire : 14h00 – Lieu : TAP Castille
Tarifs : 5,5€ / 3€
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The Rock – Un film de Hamid Jafari
Documentaire / Iran / 25′ / 2016 / Filmival
Dans le sud de l’Iran, dans un paysage austère et minéral, une femme détache des rochers d’une falaise, à la force de ses bras et avec comme seul outil une barre à mine. Elle vit là, dans une cabane de pierre creusée dans la roche. Son quotidien se partage entre les soins qu’elle prodigue à son mari et les longues heures passées à extraire des pierres.
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Les ramasseurs d’herbes marines – Un film de Maria Murashova
Documentaire / France, Russie / 65′ / 2016 / Macalube Films
Dans les îles russes Solovki au large de la mer Blanche, Rebolda est inhabitée depuis longtemps, sauf durant quelques mois par les saisonniers qui cueillent les algues. Il n’y a ni électricité ni moyens de communication, il faut parcourir 16 km dans un bois pour atteindre le village. Ici les gens vivent comme sur une île déserte. Tous sont ici de passage. Mais quelle empreinte Rebolda leur laisse t-il ? Et que ces hommes abandonnent-ils à Rebolda ?
Horaire : 16h30 – Lieu : TAP Castille
Tarifs : 5,5€ / 3€
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L’entre deux – Un film de Julia Boutron
Documentaire / France / 23′ / 2016 / CREADOC
Une femme médecin oncologue évolue entre les couloirs, zone publique, impersonnelle de l’hôpital et la chambre des patients, lieu intime et instants privilégiés.
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La permanence – Un film de Alice Diop
Documentaire / France / 97′ / 2016 / Athénaïse
La consultation se trouve à l’intérieur de l’hôpital Avicenne. C’est un îlot au fond d’un couloir. Une pièce vétuste où atterrissent des hommes malades, marqués dans leur chair, et pour qui la douleur dit les peines de l’exil. S’ils y reviennent encore, c’est qu’ils ne désespèrent pas de trouver ici le moyen de tenir debout, de résister au naufrage.
Horaire : 20h30 – Lieu : TAP Castille
Tarifs : 5,5€ /3€
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En bataille, portrait d’une directrice de prison – Un film de Eve Duchemin
Documentaire / France / 58′ / 2016 / Sister productions
Marie Laffont est la jeune directrice du centre pénitentiaire pour hommes de Liancourt, en Picardie. Également responsable du personnel, elle doit démontrer ses qualités managériales pour désamorcer les conflits et prévenir les situations de souffrance au travail. C’est dans cette collision entre vie réelle et vie carcérale que Marie cherche un équilibre pour poursuivre le difficile métier qu’elle s’est choisie, mais qui lui coûte, à certains égards, sa vie de femme.
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Marta et Karina, en discrète compagnie– Un film de Philippe Cronogorac
Documentaire / France / 69′ / 2015 / ISKRA / IRD
Marta et Karina vendent du sexe pour s’assurer un avenir meilleur. Dans leur chambre à coucher, les hommes défilent. Entre les passes, je m’installe à leur côté. Au fil des clients, des bonnes et des mauvaises rencontres, Marta et Karina nous racontent l’intimité de leurs choix, leur regard sur les hommes, la prostitution.