Journée d’échanges | Interroger le social à partir d’images

Femmes au travail : enjeux productifs et reproductifs

Festival Filmer le travail 2020

Lundi 10 février

Organisée par le Laboratoire Gresco, l’association Filmer le travail, en partenariat avec l’Organisation Internationale du Travail, l’Espace Mendès France et avec la participation de l’Ina.

Au travail, comme ailleurs, les femmes seraient conciliantes, à l’écoute, empathiques, moins attirées par le pouvoir… À eux seuls, ces stéréotypes, en disent long sur la place qui leur est réservée dans le monde professionnel.

Cet aspect des inégalités de genre au travail est largement documenté. Cela ne signifie pas pour autant qu’il ne mérite pas d’être à nouveau interrogé, comme y invitent les réflexion des chercheurs et chercheuses participant cette année au festival.

La journée est envisagée comme une proposition de rencontre du public poitevin avec des universitaires, des acteurs·trices du monde du travail et des représentant·es syndicales. Dans ce cadre, il s’agira par exemple de réfléchir à une éventuelle disparition ou atténuation des assignations professionnelles de genre, ainsi qu’aux nouvelles formes qu’elles sont susceptibles de revêtir. On pourra de même évoquer le rôle de l’État et des employeurs dans la gestion de leur vie par les femmes. La réflexion collective visera également à remettre en question des manières classiques de problématiser ces phénomènes. Lorsque l’on s’interroge sur le travail des femmes, peut-on, par exemple, continuer à ignorer les enjeux liés au travail procréatif (la production des êtres humains) ? Dès lors, la binarité familière de catégories de pensée, telles que « vie professionnelle/vie privée », ne mérite-t-elle pas un réexamen critique ?

En s’appuyant sur des images d’archives, de films, de documentaires ou autres supports visuels, les historiennes et sociologues présenteront leurs derniers résultats de recherche sur ces thèmes. L’événement, animé par des étudiantes et étudiants en sociologie, histoire et communication, est destiné à un large public. La journée sera rythmée par des temps d’échanges au cours desquels, chacun·e, s’il le souhaite, pourra s’exprimer, débattre ou encore témoigner de son expérience.

JOURNÉE D’ÉCHANGES

Lundi 10 février | 9h – 18h | Espace Mendès France / Musée Sainte Croix

Entrée gratuite ; inscription conseillée : inscriptions@filmerletravail.org

Femmes au travail : Enjeux productifs et reproductifs

Programme de la journée

9h – accueil

9h30 – Mots de bienvenue

Martin Rass (Co-président Filmer le travail), Alain Rousset, (Président de la Région Nouvelle-Aquitaine), Alain Claeys (Député maire de Poitiers), Didier Moreau (Directeur de l’Espace Mendès France), Yves Jean (Président de l’Université de Poitiers) ou Lydie Bodiou (Vice-Présidente déléguée à la Recherche, Université de Poitiers), Christian Papinot (co-directeur du GRESCO), Cyril Cosme (Directeur du Bureau de l’OIT pour la France)

9h45 – Introduction à la journée d’échanges

Mot des organisatrices et du Collectif Up-en lutte
Mot de présentation de la table-ronde “après le travail, la retraite!” qui prolongera la journée d’échanges.

10h-12h30 – Le travail productif

Sélection de documents INA. Présentés par Jean-Paul Diboues, responsable documentaire à l’Ina, les organisatrices et des étudiantes

Entrer et rester dans un monde masculin. L’exemple des entrepôts logistique, par Haude Rivoal, Docteure en sociologie à l’Université Paris 8, Centre national de la recherche scientifique (CNRS).

Si la féminisation générale du marché de l’emploi a ouvert une brèche au recrutement de femmes dans un certain nombre de bastions masculins, elle ne semble pas avoir eu un impact significatif dans les entrepôts de la grande distribution. En effet, le secteur de la logistique est aujourd’hui un des secteurs les moins féminisés des activités du tertiaire. Dans cette communication, nous nous intéresserons dans un premier temps aux raisons (individuelles, collectives ou organisationnelles) qui expliquent les résistances à la féminisation de ces activités. Dans un deuxième temps, nous évoquerons les parcours et les satisfactions que les femmes trouvent au travail ainsi que les difficultés rencontrées en situation de non-mixité ou de coprésence, des entrepôts jusqu’au siège social.

Compétences professionnelles ou « Madame et le management », par Djaouida Sehili, Sociologue, Professeure des Universités, CEREP – Centre d’études et de recherches sur les emplois et les professionnalisations, Université Reims Champagne Ardenne.

En 1970, Christiane Collange publie un premier best-seller, Madame et le management. Son but était alors de simplifier la vie de toutes celles qui assument la double charge d’une maisonnée et d’une activité professionnelle en introduisant règles, méthodes, principes et concepts empruntés au management dans l’entreprise, là où, selon elle, les femmes fonctionnaient à l’intuition, par tâtonnement ou par expérience. Loin d’être dépassée, cette communication vise à démontrer justement que cette posture « familialiste » est encore très opératoire. D’autant que c’est justement dans ce sens que  trouve à se développer « la logique compétence » au sein des entreprises. Celle-ci porte également l’idée que les compétences « féminines » développées dans l’espace-temps du travail reproductif sont particulièrement utiles dans l’espace-temps du travail productif… et vice versa. De fait, à quoi bon rendre compte d’inégalités qui ne peuvent exister dans ce parfait modèle de complémentarité ?

Combien de journées en une pour les micro-travailleuses ? par Marion Coville, Maîtresse de conférences à l’IAE de Poitiers – Chercheuse au laboratoire CEREGE, Université de Poitiers.

Le micro-travail est une forme émergente de travail sur les plateformes numériques. Cette activité rémunératrice consiste à réaliser des tâches très fragmentées (micro-tâches), payées généralement à la pièce. Le plus souvent, elles nécessitent une faible qualification pour une rémunération tout aussi faible, de l’ordre de quelques centimes. Lancé en 2017, le projet de recherche DiPLab (Télécom ParisTech / CNRS) s’intéresse aux caractéristiques socio-démographiques des micro-travailleur·ses en France. La communication portera plus particulièrement sur les conditions d’activité des femmes micro-travailleuses.

12h30- 14h : Pause déjeuner, buffet

14h-15h40 – Le travail reproductif

Sélection de documents INA. Présentés par Jean-Paul Diboues, responsable documentaire à l’Ina, les organisatrices et des étudiantes.

Le travail reproductif, (re)production des êtres humains et de la force de travail, par Aurore Koechlin, Doctorante en sociologie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, CETCOPRA (Centre d’études des techniques, des connaissances et des pratiques).

Qu’est-ce qui fonde l’oppression des femmes ? Pour beaucoup de théoriciennes féministes, c’est leur assignation au travail reproductif. Il s’agira donc ici de revenir sur la notion de travail reproductif, de la définir, mais aussi de présenter sa progressive élaboration. Nous montrerons alors comment nous pouvons à la fois l’articuler à un cadre d’analyse marxiste et à l’héritage des élaborations féministes des années 1970.

L’encadrement du travail procréatif : normes et modes de régulation d’un pan invisible du travail des femmes, par Marie Mathieu, Docteure du Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris – Cultures et sociétés urbaines (CRESPPA-CSU) CNRS-Paris 8-Paris Nanterre et chargée de cours à l’Udem et Lucile Ruault, Post-doctorante au Cermes3 (Centre de recherche, médecine, sciences, santé, santé mentale et société , EHESS, CNRS, INSERM, Paris Descartes) et chercheuse associée au Ceraps (Centre d’Études et de Recherches Administratives, Politiques et Sociales, CNRS, Lille2).

Cette intervention revient sur une réflexion collective amorcée autour du travail procréatif, entendu comme l’ensemble des tâches afférentes à la procréation et couramment tenues pour non productives : la régulation de la fécondité, l’entretien et la surveillance sanitaire des sexualités, l’élevage et l’éducation des enfants, la gestation, le suivi gynécologique, les « échecs » de reproduction. En analysant les normes contemporaines du travail procréatif et, en particulier, de son encadrement médical, se font jour les inégalités (de sexe, de classe économique, de race et d’âge) qu’elles produisent et renforcent.

15h40-16h : Pause

16h-18h : Table ronde

« logiques revendicatives et négociation collective dans la lutte pour l’égalité professionnelle et contre les violences au travail »


Avec Sophie Binet (CGT), Béatrice Lestic (CFDT), un·e représentant·e du MEDEF, Cyril Cosme, Directeur du Bureau de l’OIT pour la France et Michèle Forté, Maîtresse de conférences en Sciences économiques, Institut du travail, Université de Strasbourg.

Animée par un.e universitaire.

18h : Pause

PROJECTION-DÉBAT : HARCÈLEMENT ET VIOLENCES AU TRAVAIL

Lundi 10 février | 21h | Tap Castille

Working woman de Michal Aviad

FICTION / ISRAËL / 93’ / 2018 / KMBO FILMS
Avec Liron Ben-Shlush, Menashe Noy, Oshri Cohen

Brillante, Orna est rapidement promue par son patron, un grand chef d’entreprise. Les sollicitations de ce dernier deviennent de plus en plus intrusives et déplacées.

SŽéance suivie d’un Žéchange avec FrŽédŽérique Debout, Maîtresse de confŽérences en psychopathologie et psychodynamique du travail au CNAM.

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