C’est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès de Jean-Claude Rullier, le 7 août dernier.
Enseignant, créateur du Pôle régional d’éducation à l’image de Poitou-Charentes, fondateur du festival des cinémas africains de Loudun, membre du comité de sélection du festival Filmer le travail depuis plus de 10 ans, Jean-Claude Rullier était un passeur, un conseiller précieux, un compagnon de travail aussi passionné et passionnant que modeste, avec qui nous avons eu durant toutes ces années tant de plaisir à échanger.
Ardent défenseur du cinéma d’auteur et de son accessibilité à toutes et tous, dans la tradition de l’éducation populaire, attaché à son territoire tout en ayant à cœur d’en dépasser constamment les frontières, très attentif aux cinématographies africaines, il n’a eu de cesse de soutenir les jeunes cinéastes en devenir, les projets et initiatives, notamment locales, portées par des personnes basées à Poitiers et dans la région. Toujours humble, à l’écoute, jamais dans le jugement, il partageait sa passion avec rigueur et malice. Il a été un soutien sans faille pour de nombreuses personnes à Poitiers qui travaillent aujourd’hui dans le cinéma.
Au fil des années de travail, Jean-Claude Rullier était aussi devenu un ami. À Filmer le travail, nous avons la chance de l’avoir rencontré et d’avoir pu travailler avec lui. Au sein du comité de sélection, Jean-Claude a toujours eu très à cœur de défendre une approche du travail par les outils du cinéma, et de rappeler la confiance qu’il portait aux auteurs et aux autrices. Au-delà de la compétition, sa passion pour les cinémas d’Afrique donnait lieu à des échanges précieux : pour l’hommage rendu à Sembène Ousmane et la séance spéciale autour de Bamako de Abderrahmane Sissako cette année, mais aussi pour la projection de La petite vendeuse de soleil de Djibril Diop Mambety et de Soleil Ô de Med Hondo, l’an passé, et pour tant d’autres séances. Nous avons eu aussi la chance de préparer et d’accompagner avec lui des séances pour le jeune public. Sa joie à transmettre, son érudition, sa manière de s’adresser aux enfants, de leur poser des questions, et de répondre aux leurs, tout cela était réjouissant et profitait aussi à notre façon d’envisager nos actions.
À Filmer le travail, nous lui devons beaucoup. Dans la qualité des échanges et du travail accompli, comme de la délicatesse avec laquelle, toujours, il portait sa mission. Très affaibli par la maladie lors de la dernière édition de Filmer le travail (février 2024), Jean-Claude a tenu à être présent et à accompagner les séances sur lesquelles il s’était engagé, notamment auprès des cinéastes dont il avait tant soutenu les films : Je ne sais pas où vous serez demain de Emmanuel Roy et Eat bitter de Pascale Appora-Gnekindy et Ningyi Sun, grand Prix ex-aequo de cette dernière édition.
Nous remercions Jean-Claude du fond du cœur pour tout ce qu’il nous a donné.
Sa présence manquera à nous et toutes et tous qui avons eu le bonheur de le côtoyer. Nos pensées vont à sa famille et à ses proches.
La 16e édition du festival Filmer le travail lui sera dédiée.
L’équipe de Filmer le travail