Festival Raisons d’Agir 2013 : «Éducation et émancipation»

Pour sa huitième édition, le Festival Raisons d’Agir réfléchira aux rapports entre «éducation» et «émancipation». Fidèle à sa formule, le festival associe le regard objectivant des chercheurs à celui, plus subjectif, des artistes, des militants et des étudiants, afin de mener une réflexion collective sur les débats politiques contemporains et ainsi d’y prendre part.

Éduquer pour émanciper. Instruire le peuple, les femmes, les reclus, les opprimés contre l’emprise des traditions et de toutes les formes de domination. Apprendre par soi-même, les uns des autres, pour conquérir sa liberté, pour le plaisir d’apprendre. Tels furent les mots d’ordre des luttes pour l’instruction publique et des mouvements d’éducation populaire, avec ou contre l’action conduite par l’Etat, en lien ou non avec les prophéties révolutionnaires.
Longtemps, il fut surtout question d’instituer l’égal accès à l’instruction. Des « Lumières » aux luttes ouvrières et féministes, de la création de l’école républicaine aux vagues de démocratisation scolaire du XXe siècle, l’idée s’est peu à peu imposée que l’éducation était un droit pour tous et que chaque citoyen devait disposer des moyens de son autonomie. La contestation est également venue de l’intérieur ou des marges du système d’enseignement, contre les formes d’autoritarisme et de compétition que drainaient avec elles les traditions pédagogiques et les structures scolaires. Il s’agissait alors d’instaurer une « éducation nouvelle », plus coopérative, plus sociale. Hors les murs, les mouvements de jeunesse s’essayaient aux « méthodes actives ». Les enseignants eux-mêmes se divisaient entre « anciens » et « modernes ». La révolution éducative se retournait contre le pouvoir des clercs.

Mais déjà, un autre bouleversement était à l’œuvre. L’instauration de « l’école pour tous » finissait elle-même par produire son lot de désillusions. La critique sociologique mettait à mal le mythe de « l’école libératrice ». Et la statistique scolaire ne cessait de confirmer que la massification de l’enseignement secondaire et de l’enseignement supérieur ne réduisait en rien les inégalités. Dans le fonctionnement ordinaire du système d’enseignement, chacun était en quelque sorte renvoyé à lui-même, à ses « talents », à sa « nature ». La réforme scolaire contribuait malgré tout à des mouvements d’émancipation, à celui des femmes tout particulièrement. Mais le progressisme scolaire perdait peu à peu de sa force d’entraînement, en même temps que s’installait un climat de consumérisme et d’individualisme cynique. Les mouvements pédagogiques et les associations d’éducation populaire voyaient leur base militante s’effriter peu à peu.

À la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, la révolte est revenue par un autre côté, contre la montée en puissance d’une vision marchande, utilitariste et instrumentaliste de l’éducation. L’école serait de plus en plus conçue comme un moyen d’améliorer l’employabilité des futurs travailleurs et la croissance économique. Les luttes scolaires reprirent de la vigueur en même temps que s’inventait l’altermondialisme. Alors que le mouvement d’extension de la scolarisation semblait être durablement bloqué, le droit à l’éducation était exigé sous de multiples formes, dans les luttes des territoires déshérités comme dans la défense de programmes scolaires universalistes, dans la solidarité avec les enfants de sans-papiers comme dans la défense de l’organisation nationale de l’institution scolaire.

Où en est-on exactement aujourd’hui? Quels sont les enjeux actuels de la réforme éducative dans le contexte de la refondation de l’école annoncée par le nouveau pouvoir en place ? Quelles formes prennent les tensions contemporaines entre tendances objectives au maintien des inégalités, renoncement ou désenchantement et volontarisme politique? Par quelles voies s’invente aujourd’hui une école ambitieuse pour tous, démocratique? Quels faux-semblants mais aussi quels espoirs se dessinent sous nos yeux, s’expérimentent ici ou là ?

http://festivalraisonsagir.org/

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Informations pratiques
Le festival est ouvert à tous. L’accès à l’ensemble des manifestations est libre et gratuit, hormis à la projection de Tempête sous un crâne au cinéma TAP Castille, le jeudi soir au tarif unique de 5 euros. La librairie La Belle Aventure est partenaire du festival et proposera une sélection de livres.