Peut-on archiver des films qui n’existent pas ? Quelle place peut-on donner dans nos histoires du cinéma aux souffles, aux désirs et aux blessures ? Comment restituer un cinéma empêché et non advenu face aux violences de l’Histoire ? Quels gestes peuton déployer pour prendre soin de ces récits abîmés, sans en effacer ni leur fragilité, ni leurs combats ? Comment se situer dans cette recherche ?
De dérives en accumulation, d’hypothèses en fabulation, des récits multiples émergent de nos gestes de recherche, d’archivage et de programmation. Cet exposé documentaire composé d’images absentes et de récits marginalisés — les manifestes pour un cinéma décolonial post-indépendances, le film inexistant Basta de Mehdi Ben Barka, le cinéma manquant de la réunionnaise Madeleine Beauséjour, la Cinémathèque algérienne, l’école de Lodz, ou encore les « semeurs d’étoiles » du cinéma marocain — est une tentative d’en partager la matière et les mouvements, et de repenser nos pratiques, en allant vers la constellation, le collectif, l’explosion des contours, pour relier, associer, composer et articuler au lieu de diviser.