10e Festival international
8-17 février 2019, Poitiers
À l’heure où les espaces de rassemblement collectif deviennent des lieux de surveillance, il est réjouissant que les festivals restent des lieux de libre expression. Un festival, comme un espace politique (au sens premier où il s’inscrit dans la cité et la rassemble) et poétique grâce à une programmation attentive aux soubresauts du monde.
Si l’idée d’utopie, au coeur de cette 10e édition est par définition ce qui ne peut s’ancrer quelque part, qui est sans lieu, le fait de garder en tête pour reprendre les vers du poète anglais John Donne que « nul homme n’est une île », et que le local peut être le territoire possible d’une utopie, a quelque chose de réconfortant. Nous n’allons pas nulle part et malgré les difficultés que rencontre Filmer le travail, qui nous ont fait jusqu’à douter de la tenue possible de cette édition anniversaire, nous n’y allons pas seuls. Gageons que ce projet ambitieux et un peu fou, dont la concrétisation renouvelée chaque année reste passionnante, puisse vivre et se développer encore. Car nous ne manquons pas de projets, d’envies d’explorer de nouveaux territoires cinématographiques, de tisser de nouveaux partenariats, comme en témoigne cette année l’attention portée au jeune public et au public étudiant avec quelques nouveautés : un journal du fes- tival, des rendez- vous sonores, des lectures publiques.
Une édition traversée par la question de l’avenir du tra- vail et des anticipations avec une conférence inaugurale de l’historienne Michèle Riot-Sarcey sur l’actualité des luttes, une table ronde sur le travailler et le vivre autre- ment, une sélection de films qui croiseront les regards avec des approches utopiques et dystopiques.
Une édition placée sous le signe de l’exploration et de la (re)découverte, pour croiser les époques et les genres et mettre en résonance des films, des parcours et des approches. L’Algérie sera mise à l’honneur à travers une rétrospective qui mêlera des films des années 1970, très rares, et des films récents. À la croisée des routes de l’utopie en actes (les groupes Medvedkine) et de l’Algérie, nous inviterons Bruno Muel cinéaste et chef opérateur, à venir présenter quelques films. Voyager dans le temps, mais aussi à travers des territoires, de Sochaux, à Alger, jusqu’au Nordeste brésilien avec une double séance de films, en présence du cinéaste Jean-Pierre Duret.
Des rencontres originales seront proposées à la croisée du cinéma, de la littérature et du son : panorama des représentations des femmes au travail et de leurs récu- pérations néolibérales avec Émilie Noteris ; projection / rencontre qui mettra en dialogue Tout va bien de Jean- Luc Godard et Jean-Pierre Gorin et Des châteaux qui brûlent dernier roman d’Arno Bertina; une conférence projection sonore à la croisée de l’art et de la science de l’audio-naturaliste Marc Namblard. Cette édition se penchera aussi sur le geste de la création artistique avec un hommage à André S. Labarte et quelques-uns de ses portraits d’artistes, une avant-première sur le travail de la chorégraphe Maguy Marin et comme chaque année des moments seront consacrés à la « fabrique des images du travail ».
Filmer le travail c’est aussi un lieu d’émergence de nou- veaux talents, avec l’appel à projets de France 3 Nou- velle-Aquitaine et la compétition internationale de films récents. Cette année, 22 films documentaires, dont la plupart des réalisateurs seront présents pour les accom- pagner et rencontrer le public.
Car cette année, encore plus que les autres, sera placée sous le signe de la rencontre, avec l’inauguration d’un lieu central ouvert à tous. Une belle occasion de mettre la convivialité au coeur de cette édition et de fêter les 10 ans du festival !