Cycle de conférences/projections/débats

Les usages pédagogiques des images du travail

Chaque année, Filmer le travail propose dans le cadre de sa programmation annuelle un cycle de conférences/projections/débats engageant une réflexion, notamment méthodologique, sur les images du travail et les sciences sociales. Celui ci se déroule durant 5 mardis pendant l’année universitaire au planétarium de l’espace Mendès France.

Cette année, ce cycle abordera les usages pédagogiques des images du travail : en effet, depuis plusieurs décennies, les photographies et surtout les productions audiovisuelles présentant des activités de travail dans des fins pédagogiques sont très nombreuses et diversifiées : télévision scolaire, film d’éducation ou de formation, audiovisuels supports d’apprentissage du métier, photographies ou audiovisuels visant à présenter un métier dans une logique d’orientation professionnelle… Cette production intense et souvent souterraine est très peu étudiée alors que l’analyse de ces audiovisuels pédagogiques est riche sous bien des aspects : représentations dominantes des professions ; images que les groupes professionnels souhaitent donner d’eux mêmes ; évolutions des représentations collectives du travail, des entreprises, du choix du métier et de l’entrée dans la vie active des jeunes ; analyse des pratiques pédagogiques, des contenus et des enjeux des différents systèmes de formation et d’éducation.

Ce cycle est traditionnellement le résultat d’une collaboration entre l’association Filmer le travail et l’Espace Mendès France ; cette année, compte tenu du thème abordé, le SCÉRÉNCNDP co-organise ce cycle de conférences. Il comprendra 5 séances étalées sur l’année universitaire de septembre 2013 à avril 2014.

1 – La Télévision scolaire – 24 Septembre 2013

18H30-20H00 : Conférence débat
« Filmer les ouvriers pour la télévision scolaire »
Philippe Pilard, réalisateur de documentaires pédagogiques, écrivain spécialiste du cinéma anglo-saxon.

La récente édition par le SCÉRÉN-CNDP d’un coffret DVD réunissant des documentaires d’Eric Rohmer a fait sortir de l’oubli la « Télévision scolaire », service né, dans les années soixante, de la collaboration – parfois difficile – entre l’Education Nationale et l’O.R.T.F. qui régentait alors radio et télévision. La télévision, « fenêtre ouverte sur le monde » selon l’expression de l’époque, devait aider enseignants et élèves à élargir leur horizon. Vaste programme ! Aujourd’hui, les nombreux films produits pour la télévision « scolaire » jusque dans les années 80 constituent un corpus documentaire original qui devrait retenir l’attention des chercheurs et universitaires. Ce corpus est d’autant plus facile à explorer et étudier qu’une large part de cette production est désormais répertoriée et numérisée. Présentation de cette aventure par l’un de ses acteurs.

20H30-22H00 : Projection débat

A saint Nazaire (1971)
Durée du film : 20 minutes
Série : Télé-voyage
Réalisateur : Philippe Pilard
Auteurs : Marie-Lucie Lanfranchi ; Josette Sultan
Résumé : Deux aspects : comment le port de Saint-Nazaire est perçu par les habitants de la ville (source d’emploi pour les ouvriers non diplômés) ? Quel avenir envisagent-ils pour leurs enfants ?

Au pays haut (1974)
Durée : 27 minutes
Série : Entrer dans la vie : CET
Réalisateur : Philippe Pilard
Auteurs : Annette Lévy-Perrault ; Myette Hébrant ; Philippe Pilard
Résumé : Dans le nord de la Meurthe et Moselle, le « pays haut », deux petites villes : Auboué et Jarny, villes de mineurs dont un fort pourcentage est constitué par des travailleurs immigrés.

En Banlieue (1973)
Durée : 27 minutes
Série : Entrer dans la vie
Réalisateur : Philippe Pilard
Auteurs : Myette Hébrant, Annette Lévy-Perrault
Résumé : Mise en parallèle de plusieurs types de formations professionnelles : des jeunes en CAP entrant sur le marché, des mères de familles en réinsertion en stage de dactylographie et des ouvriers de chez Renault en formation continue pour devenir techniciens.

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2 – L’usage du film dans la transmission des savoirs

12 novembre 2013 18H30-20H00 : Conférence débat
« Enseigner par le film : le fonds minier et sidérurgique de la Cinémathèque Centrale de l’Enseignement Public » Nadège Mariotti, ESPE de Lorraine (Ecole Supérieure du professorat et de l’Education) Université de Lorraine, Institut de Recherche sur le Cinéma et l’Audiovisuel (IRCAV) Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3.
Très tôt, l’école a intégré le cinéma: création du Service central des projections lumineuses en 1896, premières séances de cinéma scolaire à Paris en 1907. Parallèlement, la ville de Paris se joint à la Société Française de l’Art pour donner naissance à des films consacrés à l’enseignement. C’est dans ce contexte que naissent la Cinémathèque Scolaire de la ville de Paris et la Cinémathèque Centrale de l’Enseignement Public. Diverses réformes créeront le Centre National de Documentation Pédagogique et le centre audiovisuel de l’Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud, services de production de films éducatifs pour le ministère de l’Education Nationale. L’ensemble des films proposés et produits jusqu’aux années 1990 compose un catalogue conséquent. Dans ce contexte, le fonds filmique qui traite des mines et de la sidérurgie offre un vaste panel de films qui peuvent être regroupés en deux catégories: ceux produits par l’institution et ceux produits par d’autres mais utilisés à des fins pédagogiques. Une étude quantitative rend compte de l’évolution des multiples activités de cette cinémathèque et permet de fixer une période faste synchrone de l’essor économique d’alors. Ces films sont le reflet des démarches pédagogiques proposées et contribuent ainsi à une meilleure connaissance de leurs approches. La comparaison avec d’autres fonds comprenant des films à vocation pédagogique permet néanmoins d’y déceler d’autres finalités.

20H30-22H00 : Projection débat : films d’archives

Industrie : métallurgie (série enseignement) Les laminoirs (1914)
Durée : 4 minutes
Réalisateur : –
Production : Gaumont
Pays : France

Steel (1933)
Durée : 9 minutes
Réalisateur : –
Production : Gaumont-British Instructional
Pays : Royaume-Uni

Accueil et formation à la mine (1957)
Durée : 21 minutes
Réalisateur : Frédéric Geilfus
Production : Sofidoc
Pays : Belgique

Du minerai à l’acier (vers 1980)
Durée : 23 minutes
Réalisateur : –
Production : Office Français des Techniques d’Education
Pays : France

Les hommes de la nuit (1952)
Durée : 34 minutes
Réalisateur : Henri Fabiani
Production : Son et Lumière
Pays : France

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3 – Les films de formation des adultes

10 décembre 13 18H30-20H00 : Conférence débat
« Le cinéma au service de la formation des adultes dans les années 1960 », Françoise F. Laot, professeure histoire de l’éducation, université de Reims.

Le cinéma a été très tôt mis à contribution pour éduquer les jeunes comme les adultes si l’on en croit les travaux de recherche sur le « cinéma éducateur » de l’entre-deux-guerres. Il visait à sensibiliser largement à des thèmes de société, comme l’hygiène ou la lutte contre les maladies infectieuses. Dans l’après Seconde guerre mondiale, deux types de films sont identifiables : les films qui font la promotion de la formation des adultes et les films de formation. Plusieurs films de la première catégorie ont été réalisés notamment dans le cadre de la FPA (Formation professionnelle accélérée, puis des adultes) dès les années 1950. Les seconds, les films directement « formateurs », apparaissent dans le champ de l’éducation populaire ou syndicale ou, dans les années 1960, dans le cadre des actions de promotion sociale, préfiguration de la politique de formation continue qui s’institutionnalise dans les années 1970. Comme tous les films, ils montrent bien au-delà de leur objet même, des éléments du contexte dans lequel ils sont élaborés. Ce sont alors de véritables sources pour l’histoire : histoire des idées pédagogiques ou des courants de formation, histoire économique et des rapports sociaux.

20H30-22H00 : Projection débat
Retour à l’école ?
Durée du film : 45 minutes
Année : 1966
Auteur : Alain Bercovitz (Cuces)
Réalisateur : Jacques Demeure (service de la recherche de l’ORTF)
Production : Délégation générale à la promotion sociale

Construit à partir d’interviews d’auditeurs des cours du soir du Centre universitaire de coopération économique et sociale (Cuces) de Nancy, ce film décrit les motivations de ces travailleurs et les espoirs de promotion qu’ils ont mis dans leur projet de formation, mais aussi leurs difficultés au quotidien. Prise de parole individuelle et débat collectif alternent dans des séquences tournées dans le centre de formation, sur des lieux de travail ou chez trois des auditeurs, en présence de leur épouse….

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4 – Le cinéma au service de l’orientation des élèves

4 mars 2014 18H30-20H00 : Conférence débat
« Pratiques d’orientation et désinflation des aspirations scolaires »

Séverine Chauvel, maîtresse de conférence à l’université de Paris Est Créteil. Depuis le milieu des années 1980 en France, la diffusion de la norme de la poursuite d’études longues pose les questions de l’intériorisation d’un destin probable chez les enfants issus des milieux populaires. En outre, le renouveau théorique auquel contribuent les travaux sur les effets de contexte et sur le phénomène de ségrégation scolaire éclairent de façon renouvelée la question des dominations sociales à l’école. Ils montrent que les destins scolaires sont sensiblement variables selon l’établissement fréquenté et les parcours singulièrement liés aux configurations de l’offre locale.

Cette intervention propose, à partir d’une enquête ethnographique, de prendre en compte la temporalité dans la construction des choix, autrement dit, de saisir la manière dont les élèves modifient leurs aspirations au fur et à mesure de leur confrontation aux dispositifs locaux d’orientation. A partir d’une enquête ethnographique menée entre 2006 et 2008 au sein de deux collèges d’une commune de l’ancienne « banlieue rouge » et auprès des familles et de leurs enfants, je souhaite montrer les effets des pratiques d’orientation en acte sur la construction des aspirations scolaires. Les pratiques d’orientation sont sources de tensions entre acteurs scolaires notamment parce que l’orientation des élèves constitue un enjeu majeur dans un contexte de concurrence entre établissements, organisée par l’institution plus que par les stratégies familiales, et qu’elle constitue un des vecteurs d’une culture de l’évaluation. Ces tensions entraînent en effet une certaine prudence de la part des élèves et de leurs parents qui mène, dans ces collèges particulièrement défavorisés, à des formes de désinflation des aspirations scolaires. Face aux injonctions – parfois contradictoires – liées à l’allongement de la scolarité, les logiques parentales relèvent de formes de mobilisation ou de résistance qui dépendent, outre du sexe de l’élève, des différents capitaux dont disposent les familles, et tracent des frontières entre différents groupes selon leur appartenance sociale et leur parcours migratoire.

20H30-22H00 : Projection débat
Les désorientés, deux ans au cœur d’une classe de BEP
Durée du film : 50 minutes
Année : 2010
Réalisateur : Philippe Troyon
Production : Striana production

Vingt filles et… un garçon : tous sont élèves d’une classe BEP Sanitaire et social à Drancy, en Seine-Saint-Denis. Pour la plupart, arrivés là par hasard, à l’issue d’une orientation plus subie que choisie. Le réalisateur Philippe Troyon les a suivi durant deux ans, de la classe à la vie civile.

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5 – Les films de formation des enseignants

8 avril 18H30-20H00 : Conférence débat
Patrick Picard et Simon Flandin, du Centre Alain Savary (IFE-ENS)
« NéoPass@ction, un programme mixtede recherche et de conception de ressources pour la formation des enseignants et de leurs formateurs ». À partir du développement de différentes approches de recherche centrées sur l’activité réelle de ceux qui travaillent (ergonomie, psychologie du travail, didactique professionnelle, cours d’action.), l’équipe de pilotage de Neopass@ction a pris le risque de proposer aux enseignants et à leurs formateurs un outil d’un nouveau type : à partir de dizaines d’heures passées dans les classes du premier ou du second degré, des « situations typiques » ont été identifiées, qui « posent problème » aux enseignants, novices ou parfois plus expérimentés. Entrer en classe, faire faire les devoirs, réagir aux incidents, travailler dans des classes spécifiques, c’est du point de vue du travail affronter des situations toujours inédites malgré leur récurrence. En présentant ces situations dans de cours extraits vidéos, et en les confrontant à l’expérience vécue des protagonistes, la plateforme permet d’entrer dans le vif des problèmes professionnels et des différentes manières de les résoudre.

Après trois ans de mise en production, un important retour de la part des utilisateurs permet d’identifier les moyens de faire évoluer la plateforme pour qu’elle s’adapte le mieux possible aux contraintes et aux besoins de ses utilisateurs.

20H30-22H00 : Projection débat
Une école, des élèves
Durée : 50 minutes
Année : 2011
Réalisatrice :Rebecca Houzel
Production : Point du jour

Un film sur l’école, ou un film dans l’école ? Sans tabou, ce film ouvre des fenêtres sur la réalité du métier enseignant. On y retrouve l’indignation face aux difficultés scolaires, le plaisir devant les progrès mais aussi l’épuisement quand les échecs persistent. Pour le SNUipp-FSU, il y a là matière à de nouveaux débats…Comment aborder tout ce qui empêche de bien faire son travail et quelles propositions faire ? Comment faire apprendre tous les élèves ? Comment faire avancer chacun ? Comment et pourquoi mettre en place un travail en petits groupes ? Faut-il attendre le calme pour lancer un travail ? Comment s’assurer que chacun des élèves rentre dans le travail intellectuel, par nature invisible ?

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