En 2016, le très beau film de Hassen Ferhani Dans ma tête un rond-point remportait le Grand Prix Filmer le travail.
Pour cette 10e édition du festival Filmer le travail, l‘Algérie sera à l’honneur à travers une sélection de films documentaires et de fiction réalisés par des cinéastes dont on mettra le travail en lumière et qui traverseront les époques, des années 1970 à aujourd’hui.
Vous pouvez découvrir ci-dessous une large sélection des films qui vous seront présentés parmi lesquels figurent de nombreux films rares et récemment restaurés.
Tous les films seront présentés et suivis d’une discussion avec Federico Rossin, historien du cinéma et programmateur indépendant.
Nous vous donnons rendez-vous dans quelques jours pour découvrir le reste de la programmation autour de l’Algérie (autres films et invités) qui sera dévoilée en même temps que le programme complet du festival.
« On ne peut parler de cinéma « algérien » avant la guerre de libération nationale. Le cinéma du début des années 60 devait participer à la tâche idéologique du pays : créer un front culturel uni, galvaniser les esprits, enthousiasmer les spectateurs. Peu à peu les sujets commencent à changer : on porte à l’écran la réforme agraire et l’industrialisation, on se pose la question de nouveaux rapport sociaux et de genre (l’émancipation de la femme). On commence à filmer le quotidien de travailleurs (des émigrés aussi), les différences entre la ville corrompue (dénonciation de la bureaucratie) et la campagne (glorification de la paysannerie). Mais au début des années 80 le cinéma algérien entre en crise profonde : les pouvoirs publics arrêtent de financer la culture et les cinéastes se transforment souvent en producteurs de leurs films et ils partent ailleurs ou commencent à travailler pour la télé. Dans la décennie suivante les mouvements fondamentalistes d’un côté, et la mondialisation de l’autre, donnent le coup de grâce à la société et à la culture issue de l’indépendance. Et pourtant de nouveaux talents commencent à travailler en ce moment et continuent à nourrir les espoirs des jeunes cinéastes d’aujourd’hui. Renaissance d’un cinéma algérien ou simplement nouvelle vague des cinéastes nés dans le même pays, souvent symboliquement seuls et économiquement et culturellement en exil ? »
Federico Rossin, historien du cinéma et programmateur indépendant.
Horaire : 20h45 – Lieu : TAP Castille
Tarifs : 5,5€ / 3€
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Omar Gatlato – Un film de Merzak Allouache
Avec Boualem Bennani, Aziz Degga, Farida Guenaneche.
Fiction / Algérie / 91’ / 1976 / ONCIC / Version restaurée
Omar, dit Gatlato, à cause de son côté macho, est un jeune banlieusard qui habite une cité, sur les hauteurs de Bab-el-Oued. Il travaille au Service des Fraudes et effectue des missions de répression contre les trafiquants d’or. Mais il est timide avec les fille ; un jour pourtant, une cassette et la voix d’une femme va bouleverser son quotidien… Le film tournant du cinéma algérien, décrivant avec humour le désoeuvrement, l’ennui et la débrouille d’une grande partie de la jeunesse confrontée au chômage, au manque de logement et à la séparation des sexes. Une grande partie de la jeunesse s’est reconnue et a fait d’Omar Gatlato un des plus grands succès du cinéma algérien.
Remerciements au Centre National de la Cinématographie et de l’Audiovisuel (Algérie)
Horaire : 14h00 – Lieu : TAP Castille
Tarifs : 5,5€ / 3€
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Le charbonnier – Un film de Mohamed Bouamari
Avec Fattouma Ousliha, Youcef Hadjam.
Fiction / Algérie/ 88’ / 1972 / ONCIC / Projection 35 mm
Dans un douar de l’Algérie intérieure, un pauvre charbonnier, ancien maquisard de l’ALN et seul à subvenir aux besoins de sa femme et ses enfants en vendant du charbon de bois exploité parfois de façon illégale, voit son activité menacée par l’apparition du gaz. Il lui faut désormais chercher du travail en ville… Belkacem est tiraillé entre les traditions étouffantes de son village et une modernité qui assurerait de meilleures conditions de vie à sa famille. Durant son absence, son épouse est, de son côté, embauchée dans une usine proche. Lorsqu’il revient au village, sa vision se modifie progressivement : il participe à la réforme agraire initiée par les autorités politiques et encourage son épouse à ôter son voile…
Remerciements à La Cinémathèque française
Horaire : 17h00 – Lieu : Le Dietrich
Tarifs : 5,5€ / 3€
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Remparts d’argile – Un film de Jean-Louis Bertuccelli (assisté de Mohamed Bouamari)
Avec Jean-Louis Trintignant, Leila Shenna.
Fiction / France, Algérie / 87’ / 1970 / ONCIC / Version restaurée
Dans un village aux confins du Sahara, Rima, jeune orpheline, apprend à lire en secret. Elle est curieuse de découvrir ce qui se trouve derrière les étendues désertiques qui limitent son horizon. Alors qu’à la suite d’une baisse de salaire, les casseurs de pierre se mettent en grève et que l’armée intervient, la routine d’un quotidien collectif se brise, et la jeune fille se rebelle…
Horaire : 20h30 – Lieu : TAP Castille
Tarifs : 5,5€ / 3€
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Algérie année zéro – Un film de Marceline Loridan et Jean-Pierre Sergent
Documentaire / France / 40′ / 1962 / Argos films / Version restaurée
Les débuts de l’indépendance algérienne filmés au cours de l’été 1962 à Alger. Le film fut interdit en France et en Algérie mais obtint le Grand Prix du festival international de Leipzig en 1965. Pour son opérateur, Bruno Muel, ancien appelé, “participer à un film sur l’indépendance était une victoire sur l’horreur, le mensonge et l’absurde.”
En présence de Bruno Muel, chef opérateur du film, exceptées les fêtes de l’indépendance de l’été 1962 tournées avant son arrivée.
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Tahia ya Didou ! – Un film de Mohamed Zinet
Avec Himoud Brahimi, Mohamed Zinet, Georges Arnaud.
Fiction / Algérie / 76’ / 1971 / Mairie D’Alger / Version restaurée
L’unique film du comédien Mohamed Zinet. Né d’une commande de la ville d’Alger, qui attendait qu’il soit un documentaire touristique, il ne fut pas du goût des autorités et il n’y eut aucune sortie en salles. Devenu malgré tout un film culte, Tahia Ya Didou! est un hommage à la ville d’Alger, à ses habitants, il est doté d’un ton inclassable, cohabitation de comique burlesque et de tragiques réminiscences du passé douloureux du pays.
En présence de Bruno Muel, chef opérateur de plusieurs séquences de Tahia ya Didou ! : les rues d’Alger , de la casbah, les enfants qui jouent au foot, la poursuite dans les escaliers , mais aussi, les scènes de torture.
Remerciements au Centre National de la Cinématographie et de l’Audiovisuel (Algérie) et au PCMMO.
Horaire : 18h30 – Lieu : TAP Castille
Tarifs : 5,5€ / 3€
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Inland – Un film de Tariq Teguia
Avec Kader Affak, Ahmed Benaissa, Ines Rose Djakou
Fiction / Algérie, France / 128’ / 2008 / Neffa Films, Cine@, Le Fresnoy, Captures / Projection 35mm
Alors qu’il vit en quasi reclus, à l’abri du monde et de ses fureurs, Malek, un topographe d’une quarantaine d’années, accepte une mission dans une région de l’Ouest algérien. Le bureau d’études oranais, pour lequel il travaillait, le charge des tracés d’une nouvelle ligne électrique devant alimenter des hameaux enclavés des monts de l’Ouarsenis, une zone terrorisée il y a à peine une décennie par l’islamisme. « Par son sens de la cruauté, de l’absurde et de la révolte (…) par son profond humanisme qui hurle silencieusement à perte de vue, ce film semble multiplier Kafka par Camus et y additionner Antonioni. L’équation est complexe, son résultat bouleversant ».
En présence de Tariq Teguia.
Horaire : 14h00 – Lieu : TAP Castille
Tarifs : 5,5€ / 3€
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Dernier maquis – Un film de Rabah Ameur-Zaïmèche
Avec Rabah Ameur-Zaïmeche, Abel Jafri, Christian Milia-Darmezin.
Fiction / France, Algérie / 93’ / 2008 / Sarrazink Productions
Dans un grand entrepôt, à la fois entreprise de réparation de palettes et garage de poids-lourds, Mao, un patron musulman, décide d’ouvrir une mosquée et en désigne l’imam sans concertation. Dans ce décor unique, filmé comme un plateau de « théâtre antique », Rabah Ameur-Zaimeche introduit la question de l’islam dans le monde du travail, au sein d’une entreprise qui réunit des travailleurs étrangers, des manoeuvres, des mécaniciens et un chef de village, une composante importante du prolétariat d’aujourd’hui qui est souvent méconnue et exclue du processus démocratique.
En présence de Rabah Ameur-Zaïmèche (sous réserve).
Horaire : 17h00 – Lieu : Hôtel Fumé
Entrée libre
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Dialogue entre Federico Rossin et Nabil Djedouani
Créées en 2012 par Nabil Djedouani, les Archives Numériques du Cinéma Algérien souhaitent valoriser via les réseaux sociaux le patrimoine cinématographique algérien. À travers la diffusion de films et de documents rares ou inédits, il s’agit de remettre à jour tout un pan de la cinématographie algérienne bien sou- vent ignorée. En parallèle, un important fonds documentaire est constitué pour mettre en place une bibliothèque numérique.
Horaire : 19h30 – Lieu : Carré Bleu
Entrée libre
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Viva Laldjérie – Un film de Nadir Moknèche
Avec Lubna Azabal, Biyouna, Nadia Kaci
Fiction / France, Belgique / 113’ / 2004 / Blue Monday Productions
Pendant l’hiver 2003 à Alger, alors que la violence islamiste se déchaîne dans une allure de guerre civile, une mère, sa fille et une prostituée se sont installées dans un hôtel du centre-ville… Goucem, 27 ans, s’est fabriqué une apparence de vie « normale » en travaillant pour un photographe. Elle partage par ailleurs sa vie entre un homme marié et des week-ends en boîte de nuit. Devant la télévision, Papicha, la mère, vacille entre peur et nostalgie d’un passé heureux de danseuse de cabaret.
En partenariat avec le centre d’animation des Couronneries.
Horaire : 11h00 – Lieu : Médiathèque
Entrée libre
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Samir dans la poussière – Un film de Mohamed Ouzine
Documentaire / Algérie / 61’ / 2015 / L’ Image d’après, Une Chambre à soi
Dans une région montagneuse et aride, Samir, contrebandier de pétrole, transporte de la marchandise à dos de mulet de son village algérien à la frontière marocaine. Filmé par son oncle, Samir dévoile peu à peu son désir d’une vie différente. La résignation l’a emporté et, un peu paradoxalement, par un lien complexe avec la région qui l’a vu grandir, il semble être prisonnier de l’horizon. Dans le portrait de Samir, se reflète en négatif celui du réalisateur Mohamed Ouzine, qui vit en France, et revient sur cette terre pour comprendre d’où il vient.
En présence de Mohamed Ouzine.
Horaire : 14h00 – Lieu : TAP Castille
Tarifs : 5,5€ / 3€
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Des moutons et des hommes – Un film de Karim Sayad
Documentaire / France, Suisse, Qatar / 78’ / 2017 / Close Up Films, Norte Productions, Doha Film Institute
Alger, 2016. Habib, 16 ans, rêve de devenir vétérinaire. Mais alors qu’il a arrêté l’école, il décide d’entraîner un bélier nommé El Bouq en vue des prestigieux combats de moutons du quartier. Samir, 42 ans, n’a plus d’autres rêves que de survivre aux difficultés de son quotidien en vendant des moutons pour gagner un peu d’argent.
En présence de Karim Sayad
Horaire : 14h30 – Lieu : Médiathèque
Entrée libre.
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La grève des ouvriers de Margoline – Un film de Jean-Pierre Thorn
Documentaire / France / 40′ / 1973 / Collectif Cinélutte
La première grève victorieuse en France des sans-papiers de l’entreprise Margoline de Nanterre et Gennevilliers en mai 1973, pour leur régularisation et la reconnaissance de leurs droits.
Remerciements à La Cinémathèque de Toulouse.
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Les passagers – Un film de Annie Tresgot
Documentaire / Algérie / 75’ / 1971 / Centre Algériens d’info et de doc
L’itinéraire d’un travailleur immigré, entre l’Algérie et la France, où il est confronté à la précarité de l’emploi et aux difficultés de la vie quotidienne.
En présence de Federico Rossin et de Tangui Perron, historien chargé du patrimoine audiovisuel à Périphérie.
Cette séance sera suivie à 18h30 d’une rencontre-dédicace avec Stéphane Beaud à la La Belle aventure autour de son livre La France des Belhoumi – Portraits de famille (1977-2017), Éd. La Découverte.
Horaire : 20h30 – Lieu : Carré Bleu
Entrée Libre
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Des vacances malgré tout – Un film de Malek Bensmaïl
Documentaire / Algérie / 70’ / 2000 / INA , La Cinquième
Immigré dans la région parisienne depuis 1964, Kader décide de passer avec sa famille les vacances d’été dans son village natal, non loin d’Alger, où il a fait construire une maison qu’il n’a jamais occupée. Ces quelques semaines tant attendues de part et d’autre constituent un moment privilégié riche en émotions fortes…
En présence de Stéphane Beaud, sociologue, Université de Poitiers. En partenariat avec l’Ina et le CAC.