L’école : Y aller ou s’en échapper ? Telle pourrait être la question qui relie ces trois courts métrages.
On entendra des récits d’enfants (Rédactions), on suivra la pensée de celui qui explique pourquoi il préfère ne pas retourner à l’école, « car on n’y apprend des choses que l’on ne sait pas » (En râchachant), et l’on accompagnera René pour faire l’école buissonnière, qui est est un beau lieu de savoir et d’aventures (Rentrée des classes).
Un film de Peter Nestler
Documentaire / Allemagne de l’Ouest (RFA) / 10′ / 1963 / Autoproduction
du 20 au 22 février
Film présenté par Federico Rossin
Dans un petit village de montagne du canton de Berne, Peter Nestler réalise un film touchant et sensible sur une école maternelle. Ce sont les écoliers qui nous dévoilent leur vie quotidienne, en nous lisant leurs rédactions.
C’est leur regard qu’apprend à suivre Nestler, attentif au moindre geste, en rendant à ce qui paraît banal son épaisseur et sa nécessité. Et nous, spectateurs, réapprenons à voir et recommençons peut-être à comprendre notre monde d’une manière plus fraîche, plus concrète, plus intense – nous avons la chance d’être les véritables élèves.
Un film de Danièle Huillet, Jean-Marie Straub
avec Raymond Gérard, Olivier Straub, Nadette Thinus
Fiction / France / 7′ / 1982 / Straub-Huillet, Diagonale, INA
du 25 au 27 février
Film présenté par Federico Rossin
Un petit garçon têtu et sérieux comme un pape derrière de grosses lunettes de myope réalise le rêve de tous les enfants en âge d’aller à l’école primaire : celui de dire une bonne fois pour toutes ‘merde’ au professeur et à ce qu’il représente.
Les Straub signent leur premier film jeune public ! Au delà de ce paradoxe, il y a comme toujours, un texte au départ – dans ce cas un livre pour les enfants écrit par Marguerite Duras après mai 68 –, des lieux arpentés par une mise-en-scène extrêmement précise – une cuisine et une salle de classe –, des corps qui incarnent, disent, chantent et soufflent (quelque part entre Brecht, Bresson et Schönberg). Contre le didactisme de l’école, le farouche Ernestino nous livre une leçon de pédagogie socratique subversive : son refus d’apprendre le discours du maître est aussi la plus claire introduction à la méthode de ce couple d’artistes encore trop peu connue.
Un film de Jacques Rozier
avec René Boglio, Nicole Foudrain, Pierre Giraud
Fiction / France / 24′ / 1955 / Dovidis
du 25 au 27 février
Film présenté par Federico Rossin
Le jour de la rentrée des classes à Correns, un village du Var. Un écolier commence l’année scolaire en faisant l’école buissonnière.
Jacques Rozier est le Rimbaud du cinéma français, encore aujourd’hui à 95 ans. Ce court-métrage sublime contient tous les éléments de son œuvre à venir. L’école buissonnière du petit fugitif René, sa baignade dans la rivière et sa fusion panique dans la lumière matinale qui traverse les feuilles, sont dignes à la fois de la Partie de campagne de Jean Renoir, de la légèreté de la Flûte enchantée mozartienne, de la vibration de tableaux de Monet et Dégas. Rozier transforme un village du Var et ses habitants en décor naturel pour la première de ses parenthèses enchantées, ardente de sensualité et plongée dans la durée extatique d’une initiation à la vie et au plaisir.