Le cinéaste André S. Labarthe est mort le 5 mars 2018 à Paris. Il avait 86 ans. Il laisse une œuvre fondatrice, marquée par les mythiques séries documentaires Cinéastes de notre temps puis Cinéma, de notre temps. Labarthe filmait pour « affamer le spectateur » et sa filmographie monumentale et multiforme est le reflet de sa culture d’encyclopédiste dandy et de son insatiable appétit pour le mystère du geste de création. Grand lecteur et critique, précieux écrivain lui même, et fin connaisseur des autres arts, en bon cinéaste-sorcier il savait détecter avec sa caméra-baguette le bon regard et la forme juste pour dresser le portrait d’une danseuse comme d’un peintre, de Carolyn Carson ou de Antoni Tapiès, et ses essais filmiques consacrés aux écrivains resteront comme des modèles indépassables de ce genre hybride et libre par excellence.
Lieu : Médiathèque François-Mitterrand
Horaire : 10h
Tarifs : Entrée libre
– Un film de André S. Labarthe
Documentaire / France / 52′ / 1982 / INA, Antenne 2
C’est un « film poème » qui raconte Tapiès au travail. Il appartient à la famille des films sur l’art dit « film processuels », c’est-à-dire des films qui suivent le geste de l’artiste et accompagnent le processus créateur au moyen de la caméra. Mais le cinéaste rend compte aussi de sa perception de l’œuvre, s’identifie à elle, hors didactisme et au seul moyen du cadrage, des mouvements de la caméra, de la musique et du montage. « À ceux qui veulent connaître le moment de l’inspiration, qu’ils quittent immédiatement la salle », énonce la voix off au début du film. « À ceux qui croient que l’essence de l’œuvre d’art, c’est l’œuvre d’art, alors qu’ils restent avec nous », est-il à peu près ajouté.
– Un film de André S. Labarthe
Documentaire / France / 52′ / 1985 / RM ARTS, BRTN, Antenne 2
Venise, 1983. Carolyn Carlson donne le 10 octobre sur la scène de la Fenice la première représentation de son nouveau spectacle Solo dont elle assure à la fois la chorégraphie et la mise en scène. Une semaine avant que la forme définitive du spectacle n’ait été trouvée, André S. Labarthe a filmé la danseuse américaine et a capté les moments de tension créatrice où l’artiste accouche peu à peu de son œuvre, où elle répète, réfléchit, commente son propre travail, hésite, doute, improvise. Neuf mois après la création à Venise, Carolyn Carlson est au Théâtre de la Ville. Interviewée, elle souligne les modifications qu’elle a apportées à la chorégraphie et à la scénographie.
Films présentés et suivis d’un échange avec Federico Rossin, historien du cinéma et programmateur indépendant.
En partenariat avec l’Ina.