« La rétrospective de cette année est à la fois une tentative d’étude socio-culturelle de la figure de la femme au travail dans le 7e art (des années 1940 jusqu’aux années 2010) et une proposition d’un corpus de films rares et surprenants dont les femmes sont à la fois les protagonistes devant et (souvent) derrière la caméra. Des films qui racontent des histoires d’émancipation ou d’aliénation, de libération ou d’exploitation, d’amour, de liberté et de choix ; des films traversés par des esthétiques novatrices, ou de grands classiques à redécouvrir en salle. Au-delà de l’Europe continentale (la Suisse, la RDA, l’Italie, le Royaume-Uni et, bien sûr, la France) ce voyage auprès des femmes travailleuses nous amènera dans plusieurs continents : l’Asie de La Grande ville, Vous êtes servis et Ama-San, les Amériques de Mi aporte et I Am Somebody, et l’Afrique de La Noire de… Avec leur détermination les femmes questionnent le monde du travail pour le changer, et aussi pour changer la façon de le restituer en images et en sons : on passe ainsi du réalisme comme forme d’éthique documentaire (Grémillon ou Ray) au modernisme plus radical et inventif (Godard, Tanner, Pietrangeli), du cinéma direct (Böttcher, Cinélutte, Serreau, Roussopoulos) à sa déconstruction (Berwick Street Film Collective et Laura Mulvey), jusqu’à des oeuvres post-modernes qui brouillent les pistes entre fiction et documentaire) et ouvrent vers un cinéma à venir (Jorge Léon et Cláudia Varejão). Une véritable joie de la découverte ! »
Federico Rossin, historien du cinéma et programmateur indépendant.
20h45 | TAP Castille
Tarifs : 5,5€ / 3€
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Le ciel est à vous – Un film de Jean Grémillon
Avec Madeleine Renaud et Charles Vanel
Fiction / France / 105’ / 1943 / Les Films Raoul Ploquin
Les Gauthier, un couple de garagistes de province – Madeleine Renaud et Charles Vanel – tentent, seuls, de remporter le record féminin de distance en avion. Grémillon et ses scénaristes s’inspirent de l’exploit réalisé par Andrée Dupeyron, femme d’un garagiste de Mont-de-Marsan qui établit un record de distance aérienne en 1938. Un film d’un réalisme quasi-documentaire : une déconstruction de l’image de la femme fatale ou victime véhiculée par le cinéma dominant sous l’occupation.
Stars (Stars)
Wäscherinnen (blanchisseuses)
Die Küche (la cuisine)
14h | TAP Castille
Tarifs : 5,5€ / 3€
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Stars (Stars) – Un film de Jürgen Böttcher
Documentaire / Allemagne / 19’ / 1963 / DEFA-Stiftung
Wäscherinnen (blanchisseuses) – Un film de Jürgen Böttcher
Documentaire / Allemagne / 24’ / 1972 / DEFA-Stiftung
Die Küche (la cuisine) – Un film de Jürgen Böttcher
Documentaire / Allemagne / 42’ / 1987 / DEFA-Stiftung
Nous sommes en RDA : la caméra suit des travailleuses accomplissant leurs tâches quotidiennes dans une usine, une blanchisserie et une cantine. Trois formes filmiques et trois époques : avec sa caméra toujours à la bonne distance, Böttcher dessine un portrait universel, simple et rayonnant, en refusant une voix off idéologiquement marquée et en donnant la parole aux femmes, à leurs rêves et réflexions.
I am Somebody
Mi Aporte
16h30 | Le Dietrich
Tarifs : 5,5€ / 3€
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I am somebody – Un film de Madeline Anderson
Documentaire / Etats-Unis / 28’ / 1970 / American Foundation of Nonviolence
Documentaire sur le mouvement des droits civiques aux États-Unis dans les années 1960, I Am Somebody relate la grève du personnel hospitalier noir à Charleston (Caroline du Sud), en 1969.
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Mi aporte – Un film de Sara Gomez
Documentaire / Cuba / 33’ /1969 / ICAIC
Les difficultés rencontrées par les femmes – bourgeoises et prolétaires – pour s’intégrer sur le plan économique et atteindre l’égalité avec les hommes dans un pays en pleine révolution : Cuba 1968.
Mahānagar (La Grande Ville)
21h |TAP Castille
Tarifs : 5,5€ / 3€
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Mahānagar (La Grande Ville) – Un film de Satyajit Ray
Avec Anil Chatterjee, Madhabi Mukherjee, Jaya Bhaduri
Fiction / Inde / 135’ / 1963 / R.D.B. Productions
Un modeste employé de banque à Calcutta, a du mal à subvenir aux besoins de sa famille. Enfreignant les traditions, sa femme quitte son rôle de femme au foyer et se décide à chercher du travail et devient représentante en porte à porte. Son mari accepte mal cette situation… Ce bouleversement de l’ordre traditionnel déclenche une série d’actions et de réactions, qui révèle les mœurs, les croyances et les préjugés d’une société elle-même en mutation.
Vivre sa vie
14h | Le Dietrich
Tarifs : 5,5€ / 3€
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Vivre sa vie – Un film de Jean-Luc Godard
Avec Anna Karina, Sady Rebbot, André S. Labarthe
Fiction / France / 80’ / 1962 / Les Films de la Pléiade, Pathé Consortium Cinéma
Vie et mort de Nana (anagramme de Anna), prostituée à Paris, au début des années 60. Entre enquête sociologique et portrait de la femme aimée, Godard nous livre une nouvelle manière de filmer la ville, le travail, le corps et la pensée. Anna Karina est à la fois personnage et modèle : elle est au premier plan (comme Renée Falconetti de Dreyer), le visage plein et charnu (comme Catherine Hessling dans Nana de Renoir), les yeux immenses (comme Louise Brooks), la voix rauque perlée d’accent chuintant.
Ama-San
14h | TAP Castille
Tarifs : 5,5€ / 3€
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Ama-San – Un film de Cláudia Varejåo
Documentaire / Portugal, Japon, Suisse / 113’ / 2016 / Terratreme Filmes , SRF – Schweizer Radio und Fernsehen, SRG SSR
Au Japon, dans un coin isolé du monde d’aujourd’hui, une communauté de femmes pêcheuses préserve non sans difficultés ses traditions ancestrales. Elles ont entre 50 et 85 ans. Chaque jour les Ama-San plongent en apnée dans la mer à la recherche d’algues, de crustacés et de coquillages, qu’elles utilisent pour se nourrir ou faire du commerce. Une chaude et émouvante représentation du bonheur et de l’harmonie, menacé de disparition. On est pas loin de la sobriété humaniste d’Ozu.
Une conférence/projection de Federico Rossin
17h | Grenouilles Productions
Entrée libre
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Alors que la France était depuis les années 1960 « la mère des arts, des armes et des lois » dans le domaine de la théorie sur le cinéma, la critique française est restée largement étrangère au développement d’une critique féministe qui s’épanouit dans les pays surtout anglophones. Nous traverserons un panorama de propositions critiques novatrices, de films remarquables mais peu connus et de cinéastes avant-gardistes.
Io la conoscevo bene (Je la connaissais bien)
19h30 | Carré Bleu
Entrée libre
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Io la conoscevo bene (Je la connaissais bien) – Un film de Antonio Pietrangeli
Avec Stefania Sandrelli, Mario Adorf, Jean-Claude Brialy
Fiction / Italie / 97’ / 1965 / ULTRA Film, Les Films du Siècle, Roxy Films
Éblouissant portrait, morcelé et fragmentaire, d’une jeune provinciale venue s’employer comme actrice à Rome. La vie d’Adriana nous est donnée par la succession non chronologique et non linéaire de différents tableaux : dans un effet de mosaïque, ils reflètent chacun les multiples facettes d’une existence d’indifférence et de passivité. Subtile et amère analyse de la condition féminine italienne des années 60, par un réalisateur majeur, pas encore assez connu en France, Antonio Pietrangeli.
En partenariat avec le centre d’animation des Couronneries.
Vous êtes servis
11h00 | Médiathèque François-Mitterrand
Entrée libre
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Vous êtes servis – Un film de Jorge Leon
Documentaire / Belgique / 57’ / 2009 / Beta digital
Dans un centre de recrutement en Indonésie, des femmes sont formées au métier de bonne. Elles sont des dizaines de milliers à partir chaque mois vers l’Asie ou le Moyen-Orient dans l’espoir de ramener un meilleur salaire au pays. Le film suit plusieurs d’entre elles durant leur séjour dans une de ces écoles où elles apprennent essentiellement à accepter les conditions et les règles de leur future exploitation et de la soumission à leurs futurs employeurs, même abusifs.
La Salamandre
14h | TAP Castille
Tarifs : 5,5€ / 3€
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La Salamandre – Un film de Alain Tanner
Avec Bulle Ogier, Jean-Luc Bideau, Jacques Denis
Fiction / Suisse / 120’’ / 1971 / Filmograph S.A., Forum Films, Svociné, Groupe 5
Un journaliste et écrivain s’associent pour écrire un scénario d’après un fait divers : l’histoire d’une jeune ouvrière accusée par son oncle d’avoir tenté de le tuer. Pour en savoir plus, les scénaristes retrouvent la troublante Rosemonde, jeune femme libre et ennemie des contraintes sociales. Peu à peu, la démarche des deux s’avère vaine ; au contact de Rosemonde, leur travail perd de sa pertinence et les deux hommes ne savent plus quoi faire, ni pourquoi ils le font : vanité de l’enquête, des preuves, des témoignages…
Nightcleaners Part 1
18h30 | Le Dietrich
Tarifs : 5,5€ / 3€
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Nightcleaners Part 1 – Un film du Berwick Street Film Collective
Documentaire / Grande-Bretagne / 90’ /1972-75 / Autoproduction
Au départ, le projet était de faire un film de campagne de syndicalisation, mais le Collectif de réalisation dut se tourner vers de nouveaux procédés formels – insertion rythmique d’écrans noirs, voix et image désynchronisées, ralentis, silence – afin de représenter les forces en jeu. La fusion d’un documentaire politique avec une réflexion rigoureuse sur la matérialité du cinéma et sur les problèmes que pose la représentation de la lutte des classes. Une véritable leçon politico-esthétique.
Riddles of the sphinx
10h30 | Médiathèque
Entrée libre
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Riddles of the sphinx – Un film de Laura Mulvey et Peter Wollen
Avec Dinah Stabb, Clive Merrison, Merdelle Jordine
Fiction / Grande-Bretagne / 97’ / 1977 / British Film Institute
Co-réalisé par la théoricienne et cinéaste Laura Mulvey avec son compagnon Peter Wollen, Riddles of the Sphinx, s’intéresse à la situation des femmes dans la société occidentale des années 1970. Sous la forme de l’essai cinématographique, cette œuvre expérimentale et hypnotique agrège images, paroles en voix off et textes de divers registres pour mettre au jour les mécanismes du patriarcat. La vie d’une femme dans un quotidien stylisé, filmé en treize plans-séquences circulaires à 360°. Pour une autre manière de filmer les femmes et le travail.
Christiane et Monique (LIP V)
À pas lentes
14h30 |Médiathèque François-Mitterrand
Entrée Libre
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Christiane et Monique (LIP V) – Un film de Carole Roussopoulos
Documentaire / France / 30’ /1976 / Vidéo Out
« Mon principe a toujours été de donner la parole aux gens qu’on ne voit jamais. Hors de toute démagogie, ce sont les gens qui font l’histoire, qui font changer les idées. Ma bande vidéo n’est une petite goutte dans la mer et on savait déjà qu’il fallait rien attendre de la télévision et qu’elle n’aurait pas défendu les luttes auxquelles on participait, et c’est pour ça qu’on voulait faire de la « contre-télé », et donner la parole aux personnes auxquelles la télé ne donnait pas la parole, ou qu’elle leur avait expropriée ou dénaturée. C’était en quelque sorte de la contre-information ». Carole Roussopoulos.
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À pas lentes – Un film de Collectif Cinélutte
Documentaire / France / 43’ / 1979 / Autoproduction
Quatre ans après le conflit à l’usine Lip de Besançon, fierté de l’industrie horlogère française et théâtre de la grève la plus emblématique de l’après-68, une équipe de Cinélutte donne la parole aux ouvrières, à Renée et Christiane en particulier, figures inoubliables. Elles parlent des conditions de travail, de l’éducation des enfants, de leur rapport aux hommes, et là, soudain tout bascule, de la lutte des classes à la guerre des sexes, offrant à Cinélutte son plus beau film.
La noire de…
20h30 |Carré bleu
Entrée Libre
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La noire de… – Un film de Ousmane Sembène
Avec Mbissine Thérèse Diop, Anne-Marie Jelinek, Robert Fontaine
Fiction / Sénégal / 65’ / 1966 / Filmi Domirev et Les Actualités Françaises
L’expérience tragique d’une jeune femme sénégalaise qui se retrouve bonne à tout faire, cloîtrée à la maison d’une famille française à Antibes. Ses pensées nous sont livrées sous forme de plaintes en voix-off, la seule liberté qu’il lui reste, le seul rempart contre sa solitude. Le fil rouge de ce film implacable est un masque Ban-mâna, subtile allégorie de l’oppression et de la perte d’identité subit par Diouana et, par extension, le peuple Africain. Féroce critique du colonialisme et du racisme, et premier film phare du cinéma africain.
En partneariat avec l’INA et le Centre d’animation des couronneries